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Origine du nom Marcotte

À l'origine, seul le nom de baptême existait: ainsi Johannes Patri filius (en latin) nous donnait "Jean fils de Pierre". Avec l'augmentation de la population, cette façon de donner des noms présentait une certaine redondance. Puis, à partir du VIIIe et du IXe siècle, est apparu le cognomen, le surnom, s'inspirant d'une particularité physique (par exemple: Charles le martel, Pépin le bref, … le roux, …le blond) ou d'une terre d'origine comme ont fait surtout les nobles, indiquant la terre dont ils étaient originaires ou propriétaires (Guillaume deVolpiano, Jean de Ravennes, Mallet de Graville), ou venant d'une fonction ou d'un emploi (le Bouteiller, le Vavasseur), ou encore d'un nom d'animal (cheval, coq, la chèvre) quand il s'agissait d'un éleveur.

 

Étymologiquement, Marcotte viendrait du latin gaulois, margus, qui veut dire jardin. Mais marga c'est aussi la terre blanche et grasse, la marne, avec laquelle on enrichit la terre. Donc, pour Marcotte, il ne semble pas y avoir d'autre explication que celle de jardinier, d'horticulteur ou de cultivateur. Une marcotte, en effet, n'est pas autre chose qu'une branche partant du rameau-mère qu'on couche en terre et qui, lorsqu'elle prend racine, est coupée du rameau nourricier pour vivre sa vie propre.

 

Une excellente définition, pleine de prédestination, pour ces Marcotte transplantés au Canada et qui, par-dessus l'Atlantique, ont fait souche, une souche indépendante que celle de l'arbre premier, pour recommencer une vie nouvelle, riche et pleine de vie en cette terre de la Nouvelle-France.

 

Et c'est ainsi que le surnom Marcotte devint leur nom. Au XVIe siècle, lorsque François 1er obligea les paroisses à dresser les actes de catholicité ( la création de l'état civil ), le surnom Marcotte est devenu le nom officiel.

 

Ceci peut expliquer qu'antérieurement au XVIe siècle, on ne rencontre pas ce nom. Toutefois, nous ne pouvons passer sous silence ce moine fécampois, Hugues Margot ou Mairgot que Guillaume le Bâtard envoya auprès d'Harold pour l'amener à composition. L'échec de sa mission provoqua la bataille d'Hastings du 14 octobre 1066. Est-ce dans la lignée des Marcotte?

Charles Marcotte, le père de Nicolas et de Jacques

Nicolas et Jacques étaient fils de Charles et de Jacqueline Baucher. Charles, le père, est né en la paroisse de Saint-Léger de Fécamp et l'acte de baptême est ainsi libellé:

 

"Du 26ième jour de février 1599, Charles, fils de Nicolas Marcotte, fut baptisé. Ses Parrain et marraine, noble homme Charles de Cauquigny, sieur de Ganseville, Pierre Le Clerc et Jeanne Le Roy, femme du greffier CRAIGNON."

 

Charles Marcotte était fils de laboureur ou de cultivateur, ou de jardinier. Mais comme il arrive souvent, quand la terre ne peut nourrir tous les enfants, les fils cadet doivent trouver un autre emploi; Charles devait être un cadet de famille, il est devenu maître-boucher. Les frères tenaient ferme à Fécamp et on les retrouve jusqu'à Saint-Léonard, à 3 kilomètres de Fécamp.

 

Charles (qui devait mourir le 9 octobre 1678) a eu comme enfants:

1. Robert, né le 9 juillet 1639,

2. François, né le 4 novembre 1640,

3. Nicolas, né le 23 novembre 1642,

4. Jacques, né le 7 octobre 1644,

5. Marie, née le 14 janvier 1646,

et d'autres petits enfants morts en bas âge.

 

Nicolas et Jacques se trouvaient ainsi être les troisième et quatrième enfants et garçons de la famille. Peut-être, les deux premiers pouvaient être pourvus, mais que restait-il aux cadets? Ce peut être une première raison de leur départ pour la Nouvelle-France. L'avenir était bouché pour eux en France, et sans doute, avaient-ils de l'ambition.

 

De plus, une crise économique, commune à toute l'Europe, avait éclaté en 1650, et ne devait se terminer qu'en 1730. Il fallait donc vivre, fonder un foyer et s'établir. On peut facilement penser qu'ils ne virent qu'un moyen d'échapper à cette tourmente: partir faire fortune aux Amériques. Mais en Amérique, c'est  la Nouvelle-France, marcotte elle-même de la France, avec laquelle les rapports sont fréquents, notamment avec la Normandie et Fécamp en particulier. Des bateaux vont régulièrement au Canada, et M. Jacques Berruyer, associé du surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, dans des armements de navires pour les colonies, possède des bateaux qui font régulièrement le voyage.

 

Et puis, autre raison de choisir le Canada, c'est qu'en matière religieuse, le Canada est rattaché au Diocèse de Rouen, donc mieux connu des Normands. Enfin, on est certain d'y retrouver la langue et les traditions françaises et particulièrement normandes.

 

Nicolas est né le 23 novembre 1642. Son parrain fut Nicolas Le Clerc et sa marraine Jacqueline Pisiaux. Jacques est né le 7 octobre 1644; il eut pour parrain Jacques Le Prestre et pour marraine Jane Savoye. Ils avaient donc respectivement 25 et 23 ans quand ils décidèrent de partir.

 

Quel fut le port d'embarquement? Fécamp, sans aucun doute.

Sur l'un des bateaux de Berruyer? Peut-être.

Cependant, Jean Lemaitre, archiviste de Fécamp, penche plutôt pour l'idée que nos pionniers auraient pris passage à bord d'un terreneuvier allant pêcher au large de Saint-Jean, où les morutiers avaient l'habitude de faire escale, soit pour réparation, soit pour déchargement, soit pour ravitaillement. Cela ne coûtait pratiquement rien. Et puis, les Marcotte avaient un certain crédit sur la place de Fécamp. Aussi est-il facile de penser qu'ils ont pu trouver place à bord d'un des voiliers en partance. Dans ce dernier cas, ils seraient partis à coup sûr vers le mois de février 1667.

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